Colibri

6.7 K Vues

Compère Lapin et la rebellion

- Yé cric !

- Yé crac !

- Yé misticric !

- Yé misticrac !

- Est-ce que la cour dort ?

- Non la cour ne dort pas !

 

Les animaux ne supportaient plus les vilains tours de Compère Lapin. Compère Chien avait perdu 2 vaches, compère Zamba avait l’arrière train douloureux à cause de sa chute dans un piège tendu par compère tigre pendant que lapin profitait du butin de leur méfait. Encore un mauvais tour dont il était la victime. Compère Pélican ne pouvait plus pécher car il n’avait plus une plume sur sa carcasse. Et bien sûr le responsable de la situation était toujours le même compère. Chaque animal avait un reproche à faire à compère Lapin. Rien ne semblait pouvoir le stopper dans ses tours.  Lorsque Compère Chat croisait compère Bourrique, il se plaignait, pareil pour compère Macaque lorsqu’il croisait compère Coq. Ils avaient tous eu affaire au même filou et décidèrent de ne plus lui parler.

Compère Lapin qui se réjouissait de faire de vilains tours à ses amis et de montrer qu’il était le plus malin ne pouvait s’imaginer  ce qui l’attendait.  Il avait beau essayer de leur parler, il avait l’impression de ne plus exister. Aucune de ses propositions n’attiraient ses amis. Il décide d’attendre quelques jours, espérant que cela irait mieux mais après une semaine la situation n’avait pas changé. Ses anciens amis étaient ravis de cette nouvelle situation car depuis qu’ils avaient pris cette décision, ils se sentaient mieux.

Compère Lapin qui ne pouvait plus supporter d’être ignoré de la sorte pris la décision de quitter son île le temps de se faire oublier et peut être de se faire pardonner. Il prit discrètement le bateau qui se rendait en Guyane. Il avait entendu parlé de ce grand pays, où régnaient des animaux grands et dangereux.  Notre ami Lapin commençait à trouver la vie et les ruses trop simples, ce serait pour lui une nouvelle expérience qui lui permettrait d’affuter sa stratégie.

 

- Yé cric !

- Yé crac !

- Yé misticric !

- Yé misticrac !

- Est-ce que la cour dort ?

- Non la cour ne dort pas !

 

Lapin ne souhaitait pas payer son voyage, il ne savait pas comment faire pour monter discrètement sur le bateau La longue passerelle qui reliait le navire au port était empruntée par les marins et il était impossible de monter sur le bateau sans se faire attraper par l’un deux.

Lapin aperçu que des caisses et des tonneaux devaient encore être chargés. Il décida de se glisser dans l’un d’eux et choisi une caisse qui contenait des bouteilles afin d’en profiter pendant la traversée.

C’est ainsi que le compère le plus malin de l’île fut embarqué sans que personne ne s'en rendent compte. Une fois à bord, il ne tarda pas à ouvrir une bouteille et à prendre les premières gorgées. La première gorgée du liquide lui brula la gorge mais habitué aux soirées chez compère Zamba, il avait l’habitude de boire jusqu’à s’endormir. Il eut une pensée pour ses amis juste avant de fermer les yeux et de tomber dans un profond sommeil, complètement ivre.

Compère Lapin ne s’avait pas combien de temps il avait dormi mais il se réveilla brusquement, un homme le tenait par les pattes arrières et le transportait sur la table. C’était certainement le cuisinier car il était vêtu d’un tablier et d’une toque. Le lapin fit semblant d’être endormi et orienta ses oreilles vers l’homme qui se dirigeait vers la table.

 

- Yé cric !

- Yé crac !

- Yé misticric !

- Yé misticrac !

- Est-ce que la cour dort ?

- Non la cour ne dort pas !

 

L’homme grondait :

Je vais t’apprendre à boire notre alcool mon lapin, tu vas dessoûler dans la casserole avec quelques images et des épices. Tu seras le premier repas de l’équipage. Et tu seras bien parfumé au bon rhum.
Lapin compris que l’homme ne voulait pas son bien et que s’il ne sortait pas de ce pétrin, il ne quitterait pas le navire en vie.

Il devait être rusé car le cuisinier le tenait fermement et avait récupéré le plus gros couteau qui était posé sur la table. Il étalât lapin qui faisait encore semblant d’être inconscient. Dès que l’homme soulevât son bras armé du couteau pour lui couper la tête, Compère Lapin vida sa vessie, le jet fut si fort qu’il atteignit l’homme en plein visage, le rendant aveugle quelques instants. L’homme obligé de lâcher le lapin pour s’essuyer les yeux venait de faire exactement ce qu’attendait le roi des malins.

Il bondit hors de la table, cherchant un coin où disparaitre. Le cuisinier venait d’ouvrir les yeux et aperçu le lapin qui passait par le hublot ouvert. Lapin avait compris qu’il n’était plus en sécurité dans cet endroit et qu’il devait disparaitre. En passant par la fenêtre, il regarda autour de lui et vit une boîte qui avait environ sa taille. Il se dirigea vers elle, elle contenait des ustensiles de nettoyage. Il entendait le cuisinier crier et comprit qu’il allait bientôt franchir le palier de la porte. Accroupi sur ses pattes avant, il asséna un violant coup dans l’objet avec ses pattes arrière. Celui-ci bascula dans le vide et tomba dans l’étendu d’eau en créant un grand plouf. Le cuisinier qui sortait juste à ce moment ne vit pas Compère Lapin qui s’était réfugié derrière le mât principal du navire et observait la scène. Il entendit le plouf et se rapprochant de la balustrade, il vit le point de chute de ce qui semblait être un lapin. Il grogna que c’était dommage que cet idiot de lapin se soit jeté à la mer et qu’il aurait fait un excellent repas.

Lapin attendit que l’homme disparut derrière la porte puis parcouru le bateau pour trouver un coin plus tranquille.

La traversée allait durer plusieurs jours et il n’avait rien à se mettre sous la dent.

 

- Yé cric !

- Yé crac !

- Yé misticric !

- Yé misticrac !

- Est-ce que la cour dort ?

- Non la cour ne dort pas !

 



Les autres contes du même auteur

Vous devriez aussi aimer